Errance... [Libre]

Tokyo II par un jour maussade... C'est un peu pléonasme pour l'ancienne capitale nipponne, le dôme laissant rarement ses habitants profiter d'une once de rayons de soleil. Nous dirons donc, Tokyo II, par un jour normal... Miko, alors sans travail (du moins sans travail officiel...) avait décidé de se trouver un employeur. Cette quête est, cela va sans dire, pour le moins difficile dans ce monde délabré : ceux qui engagent le plus et rémunèrent le mieux sont encore les proxénètes et autres mafieux. Entendez par "rémunérer" un logement, de la nourriture pour survivre et la protection. Mais, Miko ne voulait point s'abaisser à être prostituée et la mafia n'irait jamais rechercher une femme, terrorisée par la moindre goutte de sang, et surtout kléptomane ! Avec l'habitude, Miko était rodée par l'exercice et espérait pourtant toujours autant qu'un jour quelqu'un ou quelque chose la sorte de sa misérable condition.
Ainsi la jeune femme commença donc à faire le tour de divers bars et à chaque fois on lui répondait la même chose : une strip-teaseuse oui, une serveuse non, pas besoin de ça ! Franchement, entre se prostituer ou se déshabiller, Miko ne voyait aucune différence : il fallait de toute façon vendre son corps et cela, la jeune femme ne le ferait jamais... ou alors elle sera tombée bien bas ! Enfin, quoiqu'il en soit, après quelques heures à sillonner la ville et surtout, à écumer les bars, Miko se disait qu'elle avait bien droit à une pause. D'ailleurs, elle commençait à avoir un peu mal aux pieds, pourquoi ne pas s'asseoir et... boire un verre ? Peut-être même pourrait-elle en profiter pour tenter sa chance une dernière fois dans les bars. Elle regarda le nom de la rue où elle se trouvait : le Death Hollow était tout près. Celui où elle allait le plus souvent, certes on y trouvait parfois des prostituées, mais pas de danseuses ! Mais, Miko n'avait pas de quoi se payer un verre sur elle, elle inspecta donc les environs et les gens dans la rue, à la recherche de sa future victime. Un homme, plutôt bien habillé, passait justement par là : son portefeuille était-il à la hauteur de son apparence ? Quoiqu'il en soit, les yeux experts de la jeune fille repérèrent immédiatement la cible dans la poche du su-dit homme. Bien, ce serait facile ! D'une démarche assurée, Miko s'élança vers sa proie qui, justement, allait dans sa direction. Le coeur de la jeune femme battait de plus en plus fort à l'idée de ce qu'elle s'apprêtait à faire. Rompue par l'exercice, l'amnésique usa de ses charmes, regardant droit dans les yeux le jeune inconnu (pas très beau d'ailleurs) et lui adressa un léger sourire tout en détournant légèrement la tête d'un air intimidé. Elle le frôla au passage et sa main agile en profita pour saisir son porte-feuille sans qu'il ne sente rien puis le glissa dans la manche de la jeune femme. C'était si facile, mais à chaque fois si bon : la légère crainte de se faire prendre serrait légèrement le ventre du voleur et pimentait toujours l'acte. Quoiqu'il en soit, Miko poursuivit son chemin comme si de rien était avant de vérifier par dessus son épaule que l'homme avait bien disparu de son champ de vision. Elle inspecta sa prise mais se doutait qu'elle était mauvaise : il y avait à peine quelques billets. Tout juste de quoi se payer un verre... Quel frimeur, ou alors il venait de se payer les services d'une prostituée... Enfin, Miko empocha quand même les billets et laissa tomber le portefeuille. Comme ça, il pourra toujours revenir le chercher !
Mais bon, avec ça, elle n'était pas très avancée... En plus, la rue était à présent déserte ! Miko resta quelques minutes contre le mur, à attendre, n'importe quoi, elle le faisait souvent ça. D'ailleurs, elle commençait à se perdre un peu dans ses pensées lorsqu'elle entendit un bruit rassurant : un téléphone portable sonnait et une voix masculine répondit. Les propriétaires de mobiles avaient eux à coup sûr un portefeuille bien garni et d'ailleurs cet homme et elle allaient se croiser juste à l'angle de la rue... Un jeu d'enfant. Miko commença à marcher dans la direction de la voix, accélérant le pas. Comme elle l'espérait, elle rentra dans l'homme au téléphone portable. Au passage, elle glissa sa main dans sa veste à gauche : les hommes, droitiers en majorité, glissent leur portefeuille dans la poche intérieure gauche le plus souvent. Bien sûr, c'était le cas de cet homme et, Miko, juste avant de tomber en arrière, s'empara du portefeuille pour le glisser d'un geste instinctif dans sa manche. Elle prit ensuite un air confus et sonné pour dire d'une petite voix :

Excusez-moi... je ne vous ai pas fait mal j'espère ?

Levant les yeux vers sa victime, elle lui adressa un léger sourire en voyant qu'il n'était vraiment pas mal... Peut-être serait-il même assez gentleman pour lui tendre la main et l'aider à se lever ?

[Désolée ce n'est pas aussi long que ton rp...]

En effet, le charmant trentenaire occupé à parler au téléphone l'aida gracieusement à se lever et s'assura d'un signe de tête que Miko allait bien. Elle afficha un sourire désolé et timide et répondit en hochant légèrement de la tête. Trop pris par sa conversation, l'homme n'avait pas du tout remarqué la disparition de son portefeuille. Miko le regarda s'éloigner, en profitant pour se rincer l'oeil au passage... C'était vraiment dommage qu'elle vienne de lui voler son argent sinon elle n'aurait pas été contre l'idée de prendre un verre avec lui. Une fois qu'il eut traversé la rue, elle s'apprêtait à sortir le portefeuille de sa manche lorsqu'une voix s'éleva, la faisant sursauter. Elle se retourna, se demandant qui lui parlait ou plutôt, qui avait été assez habile pour voir son larcin qui passait habituellement inaperçu... Elle dévisagea donc la jeune fille qui s'était adressée à elle : une adolescente de petite taille, elle devait arriver aux épaules de Miko, plutôt mince, presque maigre, mais selon les critères de Tokyo II elle était surement bien nourrie. Ce qui frappa le plus la jeune femme furent les longs cheveux rouges vifs que la fille portait en queue de cheval. La couleur intrigua Miko mais pas outre mesure : cela devait être une lubie d'adolescente, comme il y en a bien souvent eu par le passé... Enfin, il était quand même étrange et rare de vouloir se faire remarquer dans cette ville de tous les crimes. A moins qu'elle-même ne soit suffisamment sure d'elle et de ses capacités à se défendre.

Miko la détailla quelques secondes, en silence. Elle avait l'air tout à fait normale, voire même pouvait passer pour ce que certaines filles qualifiaient de "kawaiiii", certainement à cet endroit même, une centaine d'années plus tôt. Ses grands yeux fixaient Miko mais il y avait quelque chose qui gênait la pickpocket dans son regard... Impossible de trouver les mots pour décrire la sensation qu'elle ressentait en elle, mais elle n'arrivait pas à savoir si elle était ce qu'on pourrait dire simplement "ami" ou "ennemi". En somme, maintenant qu'elle avait fait savoir à la jeune voleuse qu'elle avait vu le délit commis, qu'allait-elle faire ? La dénoncer ? A qui après tout ?! Le plus risqué serait encore que l'homme à qui elle avait pris cet argent appartienne à la mafia ou quelque chose du genre, mais en même temps, la jeune fille aux cheveux rouges n'auraient pas pris la peine d'invectiver Miko. Elles étaient debout, face à face, d'un côté et de l'autre de la rue : une scène presque digne des célèbres far west... en féminin. L'amnésique observa la petite rousse durant une bonne minute, silencieusement puis prit la résolution de négocier cela à l'amiable comme on dit. Elle sourit, plus pour elle-même que pour l'adolescente et sortit le portefeuille de sa poche. Bingo ! Il était bien garni celui-là ! Elle sortit les billets et mit le portefeuille dans la poche de son pantalon : elle le regarderait plus en détail plus tard. Elle lança alors à l'adresse de la petite :

Dis... ça te dit de prendre un verre ?

Elle désigna d'un signe de tête le bar "Death Hollow" pour joindre le geste à la parole puis ajouta avec un sourire taquin :

Sauf si tu as quelque chose contre la provenance de cet argent...

Sans attendre la réponse de l'adolescente, elle lui adressa un regard puis avança en direction du bar pour finalement y entrer et se trouver noyée dans une musique qui lui, elle le savait, n'allait pas tarder à lui donner la migraine. L'adolescente savait où la trouver, alors, libre à elle de la suivre ou non à présent ! Miko sourit au barman et s'accouda au bar. Elle dit d'un ton charmeur au type qui s'approchait pour prendre sa commande :

Un whisky !

Elle avait envie de goûter à cet alcool-ci. Elle avait l'impression que ça faisait classe et éminemment viril. Enfin, elle n'avait pas sorti le grand jeu pour seulement commander à boire, elle poursuivit, alors que l'homme s'occupait de sa commande :

Dis... y a du boulot ici pour moi ?

Verre à la main, le barman la dévisagea puis émit un petit rictus en hochant de la tête, comme s'il se croyait face à une n-ième saoule et désespérée fille, ou pire, ancienne prostituée tentant de fuir son proxénète. Il posa sa commande sur le bar et s'éloigna comme s'il lui fallait éviter de parler plus longtemps à Miko. La jeune femme eut un petit sourire : elle s'attendait à cette réaction. Elle trempa ses lèvres dans l'alcool liquoreux et fit une légère grimace : elle n'aimait pas le goût... Bon, whisky était à rayer de la liste des choses qu'elle aimait ! Elle se demanda alors où était la fille qu'elle avait vu dans la rue.